Interview
L’agrivoltaïsme peut apporter un complément de revenu en appui à l’agriculture. Rencontre avec Bertrand Pinel, responsable Innovation à Terrena.
De nombreux éleveurs sont sollicités par des énergéticiens. Verra-t-on demain des centrales photovoltaïques dans les champs du Grand Ouest ?
En 2028, les productions d’énergie solaire devront atteindre entre 35,1 et 44 GWc, contre 20 GWc actuellement en production. Cela représente l’installation de 25 000 ha de panneaux photovoltaïques en 5 ans. Les couvertures de toiture, de parkings, l’aménagement d’anciennes carrières et de friches industrielles ne suffiront pas. L’objectif sera atteignable entre autres avec l’agrivoltaïsme, conciliant production agricole et d’énergie renouvelable, dont les décrets d’application – qui fixeront les ratios de revenus entre ces deux activités pour que l’agrivoltaïsme soit au service de l’agriculture – sont toujours en cours d’écriture. Si le sud de la France répond d’emblée aux critères de réussite de par sa zone d’ensoleillement important, les Pays de la Loire et la Bretagne pourront y participer aussi, avec un effet albedo intéressant dans certains secteurs. Seule la couverture nuageuse pourra venir ternir un peu la productivité de l’outil…
Tout le monde est-il éligible pour louer ses terres ?
Pour atteindre les objectifs fixés, l’agrivoltaïsme représentera moins de 0,1 % de la SAU de la métropole française. Il n’y en aura pas pour tout le monde ! Et par¬mi les volontaires, ce ne sera pas faisable partout, la réalisation dépendant en particulier de la distance avec un poste source, permettant un raccordement haute tension. Certains territoires sont en zone blanche. Le coût de raccordement au poste source est de 100 000 €/ km. Il faut donc rester à un ratio de 1 km d’éloignement par hectare de panneaux. Et l’investissement se chiffre à 1 M €/ha, pour une puissance de 0,8 MW crète.