SPACE 2024 du 17 au 19 septembre
Matériel exposé en extérieur au SPACE

Agrivoltaïsme

« Avec l'agrivoltaïsme, un nouveau marché s'ouvre »

 

Interview

L’agrivoltaïsme peut apporter un complément de revenu en appui à l’agriculture. Rencontre avec Bertrand Pinel, responsable Innovation à Terrena.

De nombreux éleveurs sont sollicités par des énergéticiens. Verra-t-on demain des centrales photovoltaïques dans les champs du Grand Ouest ?

En 2028, les productions d’énergie solaire devront atteindre entre 35,1 et 44 GWc, contre 20 GWc actuellement en production. Cela représente l’installation de 25 000 ha de panneaux photovoltaïques en 5 ans. Les couvertures de toiture, de parkings, l’aménagement d’anciennes carrières et de friches industrielles ne suffiront pas. L’objectif sera atteignable entre autres avec l’agrivoltaïsme, conciliant production agricole et d’énergie renouvelable, dont les décrets d’application – qui fixeront les ratios de revenus entre ces deux activités pour que l’agrivoltaïsme soit au service de l’agriculture – sont toujours en cours d’écriture. Si le sud de la France répond d’emblée aux critères de réussite de par sa zone d’ensoleillement important, les Pays de la Loire et la Bretagne pourront y participer aussi, avec un effet albedo intéressant dans certains secteurs. Seule la couverture nuageuse pourra venir ternir un peu la productivité de l’outil…


Tout le monde est-il éligible pour louer ses terres ?

Pour atteindre les objectifs fixés, l’agrivoltaïsme représentera moins de 0,1 % de la SAU de la métropole française. Il n’y en aura pas pour tout le monde ! Et par¬mi les volontaires, ce ne sera pas faisable partout, la réalisation dépendant en particulier de la distance avec un poste source, permettant un raccordement haute tension. Certains territoires sont en zone blanche. Le coût de raccordement au poste source est de 100 000 €/ km. Il faut donc rester à un ratio de 1 km d’éloignement par hectare de panneaux. Et l’investissement se chiffre à 1 M €/ha, pour une puissance de 0,8 MW crète.

 

Bertrand Pinel, Terrena
© Carole David

Queks conseils donneriez-vous à un agriculteur intéressé par un tel projet ?

Il convient dans un premier temps de s’assurer du choix du partenaire avec lequel on veut s’engager, disposant une bonne assise agricole. Toute promesse de bail signée engage les parcelles qui restent bloquées pour toute autre démarche alternative. On peut s’appuyer sur des structures qui, comme la Fédération nationale ovine, travaillent sur le dossier depuis quelques années et ont élaboré des chartes de bonnes pratiques et “agréé” des sociétés.

Deuxièmement, bien étudier son projet. L’instruction du dossier court sur 3 années. Et on n’est pas obligé d’y aller seul : le projet peut aussi devenir territorial. Il est en effet possible pour les agriculteurs de participer pour partie à l’investissement du projet de centrale photovoltaïque aux côtés de collectivités sur ses terres. Dans ce cas-là, l’agriculteur touchera un loyer et un revenu de l’électricité. Dernier point, se faire conseiller et ne pas aller trop vite (les décrets ne sont pas encore sortis…). Les informations sur ce dossier progressent très vite.

Carole David

 

UN LOYER ÉTABLI AUTOUR DE 2 000 - 3 000 €/MW

Un bail emphytéotique de 30 ans est signé entre la société qui construit la centrale et le propriétaire foncier. Un prêt à usage, ou commodat, engage quant à lui l’énergéticien avec l’exploitant agricole pour un loyer établi autour de 2 000-3 000 €/MW (avec un souhait de Terrena d’une répartition 1/3 pour le propriétaire et 2/3 pour l’exploitant).

 

AUTOCONSOMMATION DE CHALEUR ET D'ÉLECTRICITÉ

Chez Agrikomp France, l’installation d’un moteur de cogénération biogaz sur une unité de méthanisation en injection de biométhane permet l’autoconsommation de l’électricité et de la chaleur. Le moteur régule automatiquement sa puissance en fonction des besoins de l’unité grâce à un appareil de mesure de la consommation électrique. Il est raccordé à la chaudière biogaz et vient la substituer pour répondre au besoin en chaleur du process de méthanisation. Le site reste raccordé au réseau électrique, ce qui permet de compléter l’apport en électricité si nécessaire ou bien de prendre le relais en cas d’opération technique sur le moteur. La chaleur du moteur est récupérée et est raccordée au réseau d’eau chaude de l’installation.